La peur : le plus important défi des entrepreneurs en matière d’embauche

Dans le cadre du Sommet annuel Action Entrepreneurship de Futurpreneur Canada, des centaines de jeunes entrepreneurs des quatre coins du pays, exubérants et curieux, se sont réunis pour poser les questions les plus pressantes et demander aux experts comment faire grandir leurs entreprises.

Ce fut, pour moi, un honneur de me retrouver parmi eux. Pour être franc, j’étais non seulement animé d’un grand enthousiasme, mais aussi d’une fébrilité inhabituelle – après tout, j’avais affaire à certains des jeunes esprits les plus brillants et les plus déterminés au pays. Les questions qu’ils m’ont posées sur les ressources humaines et la formation d’équipes ont dépassé mes attentes. Elles étaient réfléchies, stratégiques et reflétaient les thèmes communs qui ont dominé le sommet, au chapitre des défis liés à l’attraction et à la gestion de talents.

« Comment savoir qu’il est temps de procéder à ma première embauche? »

« Comment attirer les bonnes personnes? »

« Quels attributs dois-je rechercher? »

Au fur et à mesure que nous discutions de ces sujets plus en détail, il m’a semblé évident que,  pour plusieurs, une première embauche ou la formation d’une équipe ne provoquent pas qu’une certaine appréhension : ces jeunes ressentent carrément de l’inquiétude et même de la crainte, à cet égard. Ils redoutent que, pour une raison ou pour une autre, cette embauche ne fonctionne pas et craignent les conséquences qu’elle pourrait entraîner sur la culture de l’entreprise, le moral des employés ou sur le plan juridique.

Tout le monde sait que la peur peut être une puissante source de motivation. Elle se trouve parfois à l’origine de cette pulsion que possèdent les entrepreneurs et réside dans le système limbique de notre cerveau, lequel nous incite à faire preuve d’une certaine prudence, au bord d’un précipice. Mais la peur peut aussi empêcher les entrepreneurs de procéder à des embauches qui s’avèrent cruciales pour le développement de leur entreprise.

• La peur que personne n’apprécie leur entreprise à sa juste valeur ou ne fasse preuve d’un aussi grand engagement qu’eux
• La peur que l’entreprise ne s’effondre, à moins d’embaucher quelqu’un dans les prochaines 24 heures
• La peur que personne ne soit adéquatement équipé pour le poste, ce qui les incite à engager quelqu’un qui n’incarne pas le candidat idéal

En ce qui a trait aux ressources humaines, pendre une décision fondée sur la peur est toujours mal avisé. Alors, que faire? Comment dissiper cette crainte? Comment augmenter les chances de former la meilleure équipe? Voici trois petits conseils :

1. Définissez ce que le terme « adéquation » signifie pour vous et pensez-y lorsque vous embaucherez

Les entrevues d’emploi traditionnelles portent toujours sur les compétences, mais une mauvaise adéquation est généralement le principal motif de renvoi. Il ne s’agit pas du tout de la même chose. Avant de procéder à votre première embauche ou de vous adjoindre un nouvel associé, prenez le temps de définir les termes « être en adéquation ». Un indice : cela ne signifie pas que vous trouvez la personne aimable. N’hésitez pas à explorer en profondeur afin de vous assurer que vous partagez les mêmes valeurs et que l’intérêt de la personne émane du fait qu’elle ressent un lien véritable avec le travail que vous faites (qu’elle n’est pas seulement motivée par la rémunération).

2. Donnez une description de tâches précise

À défaut de quoi les gens travailleront en vase clos, sans savoir exactement ce qu’on attend d’eux. Ils n’orienteront pas leur énergie sur les priorités qui favorisent la croissance et vous n’aurez pas de base de référence pour déterminer qui vient à bout de la tâche et qui peine à s’en sortir.

3. Dans le pire des cas, ayez le courage d’admettre votre erreur et remerciez la personne. Assurez-vous de procéder le plus tôt possible

L’un de mes clients a maintenu en poste des employés mal adaptés à la tâche pendant six ans. Six ans de maux de tête, six ans d’indemnités de licenciement et de départ, six ans de gâchis que j’ai dû remettre en ordre. Si vous avez la conviction que, malgré tous ses efforts, une personne n’est pas en adéquation avec le poste, soyez honnête avec vous-même, reconnaissez votre erreur et préparez-vous à la laisser partir. Consultez un avocat spécialisé en droit du travail, avant de faire quoi que ce soit, mais n’espérez pas que les choses s’arrangent d’elles-mêmes, comme par magie, ou que la personne quitte  de son propre chef.

Les entrepreneurs autour de ma table ont appris que, pendant ma carrière, j’ai probablement interviewé 5 000 personnes — et que je fais encore des erreurs. Embaucher des gens n’est pas une tâche facile, ce n’est pas comme comparer « des pommes avec des pommes » et il n’y a aucune garantie. Mais si vous maintenez une confiance inébranlable dans ce que vous souhaitez accomplir, que vous demeurez fidèle à vous-même et que vous refusez catégoriquement la médiocrité et les compromis, vous serez rapidement entouré de personnes aux vues similaires et axées sur les objectifs, avec qui vous pourrez cheminer. C’est là l’un des aspects les plus intéressants qui découlent du fait d’être entrepreneur!

Rédigé par : Glenn Nishimura, stratège en chef en ressources humaines, Nishimura Consulting, et mentor pour Futurpreneur Canada

À propos de l’auteur : Glenn Nishimura est stratège en chef en ressources humaines à Nishimura Consulting et mentor pour Futurpreneur Canada. Il aide les entrepreneurs, les nouvelles entreprises et les PME d’Amérique du Nord et d’Europe à créer de solides cultures d’entreprise et à adopter des pratiques judicieuses, en matière de ressources humaines. Communiquez avec lui, en composant le 416.566.6892, ou à glenn@nishimuraconsulting.ca.