• Impact social et durabilité

Comment mettre sur pied une entreprise à vocation sociale

Une démarche en dix étapes vous permettra de créer une entreprise à vocation sociale.

Que vous soyez un entrepreneur en herbe ou bien établi, si vous éprouvez une passion pour une cause sociale ou environnementale, des possibilités de plus en plus grandes s’offrent à vous. Lancer une entreprise à vocation sociale vous permet de tirer avantage de vos principes entrepreneuriaux pour organiser, mobiliser et administrer une entreprise à but lucratif qui appuie le changement social. Une démarche en dix étapes vous permettra de créer une entreprise à vocation sociale.

1. Choisir une cause sociale

La plupart des entrepreneurs sociaux trouvent leur inspiration quelque part. Christine Poirier, de Montréal, au Québec, a conçu son propre haut pour pouvoir allaiter en public confortablement. Son désir d’aider d’autres femmes à vivre des expériences d’allaitement positives l’a amenée à cofonder Momzelle, laquelle fabrique des vêtements d’allaitement de grande qualité et très tendance, commandite des événements sur l’allaitement dans toute l’Amérique du Nord et donne des hauts aux centres pour les femmes.

Comme Christine Poirier, vos propres expériences vous ont peut-être sensibilisé à un problème social, mais la cause que vous choisissez doit aussi être importante pour de nombreuses autres personnes. Par exemple, une entreprise de recyclage qui contribue à réduire le nombre de bouteilles d’eau en plastique dans les sites d’enfouissement peut avoir une résonnance auprès d’un vaste public et entraîner un impact positif pour l’environnement.

2. Documenter votre cause

Le fait d’avoir vécu une expérience personnelle liée au problème social que vous souhaitez résoudre, ne fait pas de vous un expert. Vous devez avoir une parfaite compréhension de la nature de votre projet, alors prenez bien le temps de vous renseigner. Quel est votre marché cible et quelles hypothèses pouvez-vous formuler à cet égard? Existe-t-il un besoin réel pour votre entreprise à vocation sociale? Qui sont vos concurrents et comment vous positionnerez-vous, par rapport à eux? Quelle est la valeur de ce que vous souhaitez offrir à vos clients? Une étude et une analyse du marché, des études de faisabilité, une analyse de l’industrie et des forums d’échange de points de vue peuvent vous aider à valider vos hypothèses et à déterminer les perspectives offertes par votre idée.

3. Obtenir un point de vue mondial

Même si vous défendez une cause locale, regardez plus loin. Tout un univers de ressources est mis à votre disposition : des sites Web internationaux, des blogues et des médias sociaux en ligne, des réseaux locaux et mondiaux d’entreprises sociales, des événements et des rencontres, ainsi que toute la panoplie de médias traditionnels. Profitez-en pour trouver qui, dans le monde, sont les innovateurs et les innovations les plus pertinents et organisez des entrevues avec des experts et des clients potentiels. De plus, allez au-delà de votre industrie, puisque que des parallèles utiles peuvent être tracés et des tendances mieux comprises, à partir d’entreprises à vocation sociale œuvrant dans d’autres secteurs.

4. Comprendre les structures juridiques

La structure juridique de votre entreprise aura une incidence sur la gouvernance, la fiscalité, la réglementation et sa capacité à attirer des investissements et des partenaires1. Les structures actuellement possibles au Canada sont celles des organismes de bienfaisance, des coopératives et des organisations sans but lucratif ou à but lucratif.

Au Canada, les entrepreneurs sociaux doivent relever le défi de choisir, dès le départ, entre une structure sans but lucratif et une autre à but lucratif, alors qu’aucune des deux ne convient entièrement à l’entreprise qui tente de créer une valeur mixte. Avant de décider quelle sera la structure juridique de votre entreprise, assurez-vous de faire une recherche exhaustive, de vous entretenir avec d’autres entrepreneurs sur leur expérience et de bien comprendre quel impact votre décision aura sur votre entreprise.

5. Élaborer un solide plan d’affaires

Il est maintenant temps de transformer les conclusions de votre recherche en plan d’affaires, lequel devrait présenter des objectifs et des tâches bien définis, des stratégies efficaces et des mesures d’évaluation du succès, comme :

  • la définition claire de votre produit ou service;
  • la définition claire de vos objectifs sociaux;
  • votre plan pour atteindre les objectifs mixtes (sociaux et d’entreprise);
  • votre plan pour mesurer le succès – tant commercial que social;
  • l’identité de vos clients et comment vous prévoyez les atteindre;
  • les canaux de marketing que vous prévoyez utiliser;
  • votre plan concernant le développement du produit ou la prestation du service;
  • votre modèle d’entreprise (structure juridique);
  • votre planification opérationnelle (l’emplacement, les membres de l’équipe, le fonctionnement au jour le jour);
  • votre plan financier (coûts de démarrage, revenus projetés, dépenses et flux de trésorerie);
  • compétences requises et personnel nécessaire.

Rappelez-vous qu’une entreprise à vocation sociale est à but lucratif et qu’elle sera en concurrence avec des entreprises commerciales qui ne sont concernées que par le rendement financier. Votre plan d’affaires doit susciter l’intérêt et persuader les actionnaires, les investisseurs et les bailleurs de fonds.

6. Analyser les options de financement

Pour les entrepreneurs, l’un des plus grands défis est de trouver les ressources et les capitaux nécessaires pour mettre sur pied leur entreprise – ce défi est encore plus grand pour les entrepreneurs sociaux. En premier lieu, il faut bien comprendre les différents types de financement offerts, y compris les diverses sources de financement du secteur privé ou le financement offert par des organisations non-gouvernementales. Vous ne pourrez évaluer les meilleures options de financement pour votre entreprise à vocation sociale qu’une fois leurs différences bien comprises.

Plusieurs entrepreneurs sociaux éprouvent également des difficultés à intéresser des investisseurs des secteurs public et privé qui, généralement, sont peu familiers avec les risques uniques, les modèles d’affaires et les marchés présentés par les entreprises sociales. Pour ces investisseurs, une participation dans une entreprise à vocation sociale est considérée comme plus risquée, en raison du fait que ces sociétés sont relativement complexes, que leur croissance requiert plus de temps et qu’elles empruntent souvent des voies inexplorées1.

7. Rechercher le soutien continu d’un mentor

Il est essentiel d’établir une relation avec un mentor, dès le début des activités de votre entreprise. Un mentor est un professionnel du milieu des affaires qui détient l’expérience nécessaire pour fournir des conseils éclairés, du soutien et de l’encouragement, mais vous devez absolument choisir un mentor qui comprend les défis et les enjeux uniques auxquels sont confrontés les entrepreneurs à l’esprit social. Selon l’expérience de Futurpreneur Canada, les chances de succès sont beaucoup plus élevées lorsqu’un jeune entrepreneur reçoit l’appui d’un mentor. C’est pourquoi tous les entrepreneurs Futurpreneur Canada sont jumelés avec un mentor, et ce, avant de recevoir leur prêt.

8. Embaucher les bonnes personnes

Pour choisir les bonnes personnes pour votre entreprise à vocation sociale, vous devrez suivre les mêmes principes que lors de l’embauche d’employés au sein de n’importe quelle entreprise. Créer une équipe qui présente un mélange d’aptitudes pratiques, entrepreneuriales et commerciales servira bien votre entreprise. Mais travailler dans une entreprise qui poursuit une mission sociale peut demander un engagement plus grand et chacun des employés éventuels devra comprendre ce qu’on attend d’eux – qu’il s’agisse d’une plus grande souplesse, de consacrer plus d’heures au travail ou de modifier leur mode de vie. Idéalement, les personnes que vous employez partageront vos préoccupations, relativement au problème social que vous tentez de régler, et votre expérience avec la collectivité que vous prévoyez desservir.

Une entreprise à vocation sociale peut également bénéficier d’un conseil d’administration qui fournit un encadrement spécialisé, de l’expertise et du soutien. Le conseil surveille l’entreprise, en supervise la gestion et prend des décisions qui auront une influence sur tous les aspects de l’entreprise : les employés, la clientèle, les actionnaires, les fournisseurs et les communautés. Selon vos objectifs sociaux et commerciaux, différentes compétences pourraient être exigées des administrateurs de votre conseil. Ainsi un avocat, un comptable, un responsable du marketing, un agent de financement, un expert des TI, un fournisseur de soins de santé ou un travailleur social pourraient y siéger.

9. Bâtir une culture d’entreprise

Une entreprise à vocation sociale se doit de développer sa propre culture d’entreprise et ne pas se contenter simplement de mettre une campagne sur pied. Une entreprise qui tente de créer une valeur mixte doit également se doter d’une culture mixte, qui combinera, aux meilleurs éléments de la philosophie des entreprises sans but lucratif traditionnelles, les meilleurs éléments de la philosophie des entreprises à but lucratif traditionnelles. L’entreprise doit communiquer sa culture à tous les acteurs concernés (employés, membres du conseil d’administration, intervenants), rappeler qu’elle a été fondée sur une valeur mixte, qu’elle mesure son succès en fonction du « triple résultat » (personnes, planète et profit), qu’elle est au service des clients (ceux qui jouissent de bénéfices sociaux) et des consommateurs (les gens qui achètent).

10. Avoir une portée mondiale

Une fois les assises de votre entreprise bien ancrées et sa valeur sociale et économique assurée, il serait peut-être opportun de la faire connaître et de sensibiliser les gens au problème social auquel elle se consacre. Établir sa présence à l’échelle mondiale comporte de nombreux avantages. Vous pourriez ainsi avoir accès à plus de financement et à de nouvelles possibilités de maximiser votre impact positif, la sensibilisation au sujet de votre cause et l’intérêt à travailler au sein de votre entreprise. Une étude récente a démontré l’importance et les résultats positifs des campagnes réalisées dans les médias sociaux. Il devient essentiel, pour tout type d’entreprise, de rejoindre les gens dans le monde entier, au moyen d’un site Web, de blogues et de plateformes de réseautage social, comme Facebook, LinkedIn, Twitter et YouTube.

Si les médias sociaux peuvent s’avérer de puissants outils pour votre entreprise, ils comportent aussi un élément de risque. Il faut tenir compte du fait que tout ce qui est diffusé sur les réseaux sociaux dure pratiquement éternellement, alors choisissez judicieusement les mots que vous utilisez. De plus, si la controverse suscite l’intérêt – finalité même des médias sociaux – évitez tout sujet (comme la politique et la religion) ou point de vue qui pourrait compromettre les valeurs de votre entreprise ou polariser votre auditoire.

Références

  1. Shuttleworth, Rachel, Brace for (Social) Impact: The rise of social entrepreneurship in Canada, avril 2012 (en anglais seulement)