- Impact social et durabilité
Mesurer le succès d’une entreprise à vocation sociale
Le calcul du rendement social du capital investi (RSCI) a été utilisé comme la norme dominante en matière d’évaluation de l’impact social.
Les entrepreneurs à l’esprit social mettent sur pied des entreprises dont l’objectif est de créer une combinaison de valeurs financière, sociale et environnementale. Tal Dehtiar a fondé Oliberté, une entreprise qui fabrique et commercialise des chaussures et des accessoires, tout en créant de précieuses possibilités d’emplois et en offrant des salaires équitables en Afrique, où elle produit ses articles. Christine Poirier, est cofondatrice de Momzelle, laquelle offre non seulement des vêtements d’allaitement élégants et pratiques, mais également du soutien afin d’aider les mamans à connaître une expérience d’allaitement positive et encourager celles qui éprouvent des difficultés. Tal et Christine ont tous les deux fondé leurs entreprises sur ce qu’il est convenu d’appeler une « valeur mixte », laquelle se situe quelque part entre les valeurs purement financière et purement sociale. Ces entreprises présentent des différences par rapport à celles qui se concentrent exclusivement sur une valeur sociale.
En Ontario, le Centre MaRS et SocialFinance.ca ont créé un continuum afin d’illustrer les types de valeur et, par ricochet, les types de rendements que ces différentes entités cherchent à générer. Bien que les entrepreneurs sociaux qui se situent au centre du continuum cherchent à créer une valeur mixte, ils mesurent également leur succès en termes de « rendement mixte ». C’est-à-dire qu’ils considèrent non seulement les bénéfices, dans cette mesure, mais également leur influence et leur engagement au sein de leur communauté et de la société. Il s’agit de ce qu’on appelle, plus généralement, le « triple résultat » – personnes, planète, profit.
À titre d’exemple, DeliverGood, une organisation à but lucratif, fondée par Robb Price, entrepreneur financé par la Futurpreneur Canada, profite autant à la communauté (les « personnes »), qu’à l’environnement (la « planète »), en assurant le lien entre des organismes sans but lucratif qui ont besoin de quelque chose et des personnes ou des entreprises qui ont de tels produits ou services à offrir. Les organisations limitées en ressources tirent profit des fournitures qui leur sont données, alors que l’excédent d’équipement évite de se retrouver dans les sites d’enfouissement.
Mesurer l’impact social : le RCI par opposition au RSCI
Le succès d’une entreprise à but lucratif est généralement mesuré à l’aide d’une « lorgnette économique2», laquelle ne tient pas compte de son influence sur les deux autres tiers du triple résultat : les personnes et la planète. Le calcul du rendement du capital investi (RCI) est effectué dans le monde entier pour mesurer le rendement financier, selon des paramètres tels que le revenu, la marge de profit, le roulement du personnel et la satisfaction de la clientèle. Tous ces paramètres sont mesurables, ont été utilisés et fait l’objet de rapports depuis le début des activités de l’entreprise.
Mais qu’en est-il de la mesure de l’impact social? Le calcul du rendement social du capital investi (RSCI) a été utilisé et raffiné au cours des 20 dernières années comme la norme dominante en matière d’évaluation de l’impact social. Le RSCI est constitué de mesures qualitatives traditionnelles et de représentation quantitative qui intéressent tant les investisseurs, qui cherchent à obtenir des résultats, que les bailleurs de fonds, les entrepreneurs et les collectivités concernés par le triple résultat.
Social Asset Measurements (SAM) est une entreprise de Toronto qui aide les organisations à but lucratif et sans but lucratif à mesurer leurs efforts et à déterminer le rendement social du capital investi (RSCI). Contrairement à d’autres mesures d’impact social, telles que les Impact Reporting & Investment Standards (IRIS), ou normes d’évaluation de l’impact et des investissements, et le Global Impact Investing Rating System (GIIRS), ou système global de notation des investissements à impact social, SAM utilise des paramètres qui visent les facteurs de succès, non seulement ses indicateurs, permettant aux entreprises sociales de prendre des décisions plus éclairées à propos de l’utilisation de leurs ressources limitées.
Les défis que comporte la mesure de l’impact social
Mesurer le RSCI est plus complexe que d’évaluer le RCI parce qu’il regroupe des valeurs sociale, financière et environnementale. Le RSCI tente de mesurer la valeur à l’extérieur de l’organisation et choisir quel facteur identifier, saisir et mesure, parmi une liste infinie de facteurs possibles, peut s’avérer laborieux2. La sensibilisation quant à savoir à quoi correspond l’impact social et comment il peut servir d’indicateur et de facteur de succès est également limitée.
De plus, l’impact social change en fonction du contexte et de la communauté au sein desquels l’entreprise sociale est établie. Selon Anshula Chowdhury, fondatrice de SAM, « l’impact social et environnemental entraîné par la création de nouveaux logements à Toronto, plutôt que dans les bidonvilles de l’Inde, sera complètement différent et devra être évalué d’une autre manière2. »
L’impact social a toujours été difficile à mesurer et il continuera de l’être. Toutefois, comme la sensibilisation et l’appréciation de cette mesure grandissent et que l’industrie visant à l’évaluer est en plein essor, la mesure du rendement social est en voie de devenir moins ardue, pour les entrepreneurs.
Références
- MaRS Centre for Impact Investing et SocialFinance.ca. Your Guide to Social Finance: Are you operating an enterprising non-profit? MaRS Centre for Impact Investing et SocialFinance.ca. [En ligne] [Réf. : le 23 février 2012.] http://socialfinance.ca/guide/am-i-eligible/are-you-operating-an-enterprising-non-profit (en anglais seulement).
- Shuttleworth, Rachel, Brace for (Social) Impact: The rise of social entrepreneurship in Canada, avril 2012 (en anglais seulement).