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Amélioration de l’économie touristique au Suriname (et dans d’autres petits pays)

29 octobre 2014

Tim Rudkins, accompagnateur de petites entreprises et solopreneur

Je retourne au Suriname vers la fin du mois de novembre pour collaborer avec des gîtes écologiques qui souhaitent accueillir plus de clients, augmenter leurs revenus, etc. Pour ceux qui ne le connaissent pas, le Suriname est une ancienne colonie néerlandaise, située sur la côte nord-est de l’Amérique du Sud. Le fait que le pays soit demeuré comme dans les années 1970 est tout simplement fascinant. Par exemple, les gîtes écologiques pensent que leurs clients sont des randonneurs néerlandais qui voyagent sac au dos et qu’ils n’accepteront pas de payer plus de 20 $ par jour pour une belle chambre, tous les repas, et ce, au paradis.

L’an dernier, ce n’est que deux jours après mon arrivée que j’ai enfin compris comment régler les problèmes de cette microéconomie – si une personne exerçant l’autorité souhaitait le faire. Voici mes recommandations :

Servez votre marché dans sa langue.

Environ 30 millions de personnes dans le monde parlent le néerlandais ou une langue dérivée et elles habitent généralement dans des régions très éloignées du Suriname. En revanche, approximativement 500 millions d’anglophones se trouvent juste au nord du Suriname et à peu près le même nombre d’hispanophones et de lusophones entourent le pays. Pourquoi les sites Web et les renseignements sur le Suriname sont-ils tous en néerlandais? Même les Néerlandais parlent anglais. Le ministère du Tourisme envisage maintenant la possibilité de créer un site Web en anglais mais, pour l’instant, si vous parlez anglais, espagnol ou portugais, vous ne pouvez rien trouver sur le Suriname et encore moins réserver une chambre.

Comprenez votre créneau.

Économes, les randonneurs néerlandais ne constituent pas un créneau. Leur consacrer une offre mène tout droit à la pauvreté. Comme destination, le Suriname a beaucoup à offrir et n’est malheureusement pas exploité à sa juste valeur. Les paysages sont magnifiques et abritent certaines des dernières forêts tropicales. Son histoire se mêle à celle du peuple juif, alors que c’est au Suriname que ce sont installées les toutes premières colonies juives en Amérique du Sud. Mieux encore, c’est dans ce pays que s’est déroulée une partie importante de l’histoire des Noirs et des Africains, illustrée par la culture marron. Les Marrons (esclaves d’Afrique de l’Ouest) n’ont pas seulement rompu avec les Néerlandais mais, après les avoir défaits, ont construit leurs propres communautés et protégé leur culture au sein du pays. Les descendants des esclaves afro-américains seraient très certainement intéressés à visiter un lieu historique d’une telle richesse mais, pour ce faire, il faudrait qu’ils parlent le néerlandais!

Bâtir l’infrastructure de base.

Le Suriname est moderne de bien des façons – mais on n’y construit pas les choses simples qui pourraient aider les petites entreprises. Les cartes de crédit ne peuvent être acceptées parce que l’ouverture d’un compte est pratiquement impossible. Internet est inexistant dans de nombreux secteurs, bien qu’il soit accessible dans toutes les tours à bureaux. Ainsi, non seulement est-il impossible de trouver les gîtes sur Internet, mais vous ne pouvez faire une demande de réservation par courriel ou réserver et régler avec une carte de crédit. Pour voyager au Suriname, vous devrez franchir de grands obstacles, apporter de grandes quantités d’argent et espérer trouver quelque chose. Mon Dieu, je doute que cela soit une stratégie gagnante à long terme.

Mon conseil aux petits pays en développement qui souhaitent développer et tirer profit de l’industrie touristique est donc de répondre aux besoins du marché dans sa langue, de développer des créneaux et de s’assurer que les infrastructures de base sont en place. Les gens aimeraient vous découvrir. Ne leur rendez pas la vie si difficile!