- Impact social et durabilité
Faites connaissance avec Samantha Chan, propriétaire de Paintlounge
Accenture présente une série d’entrevues mettant en vedette de jeunes entrepreneurs de la FCJE
Par Sophia Lu, consultante en gestion chez Accenture (et facilitatrice pour le sous-groupe du Pôle de la FCJE sur l’expansion des entreprises)
Ayant eu récemment l’occasion de m’entretenir avec plusieurs jeunes entrepreneurs, j’ai remarqué qu’ils avaient un point commun : ils sont tous passionnés par ce qu’ils font et réaliser des bénéfices ne représente pas leur principale priorité.
Cette tendance est en contradiction avec les affirmations de Milton Friedman qui, en 1970, écrivait que « la responsabilité sociale de l’entreprise est d’accroître ses profits ». En fait, de plus en plus de propriétaires d’entreprises et d’universitaires, y compris Michael Porter, croient que « les entreprises peuvent créer de la valeur économique, de manière à créer de la valeur qui peut profiter à la société dans son ensemble, en répondant à ses besoins et en lui permettant de relever les défis qu’elle affronte » et « qu’il ne faut pas confondre valeur partagée et responsabilité sociale, philanthropie ou développement durable : la valeur partagée est une nouvelle façon d’assurer le succès des entreprises[1]. »
Dans l’entrevue qu’elle m’a accordée, Samantha Chan, fondatrice de Paintlounge, explique pourquoi elle croit que ces deux préceptes peuvent coexister.
Sophia Lu : Samantha, parlez-moi des activités de Paintlounge et de ce qui vous a motivée à fonder l’entreprise?
Samantha Chan : Après avoir obtenu mon diplôme en génie industriel de l’Université de Toronto, j’ai travaillé pendant un an au Canada comme ingénieure en gestion de la chaîne logistique, puis trois ans à Hong Kong, dans le domaine des services bancaires d’investissement. Je décidé ensuite de revenir au Canada avec mon fiancé, qui est aujourd’hui mon mari, et de lancer Paintlounge. Je voulais donner un sens à ma vie et accomplir quelque chose de plus significatif, quelque chose d’agréable!
Le fait de travailler à Hong Kong m’a ouvert les yeux. Malgré les longues heures passées au bureau, j’ai toujours fait en sorte de marcher et de découvrir la ville. C’est ainsi que j’ai vu des studios où les gens pouvaient non seulement peindre, mais se détendre et se réunir dans un environnement agréable. J’éprouve un attrait pour la peinture, puisque j’en ai fait pendant toutes mes études secondaires. Quand j’ai constaté qu’un tel concept n’existait pas à Toronto, j’ai décidé de lancer Paintlounge, un espace social permettant aux gens de peindre à leur guise, auquel est jumelé un café, où ils peuvent se détendre et avoir du plaisir.
SL : Quels types d’activités proposez-vous?
SC : En plus de fournir les canevas et le matériel nécessaires, nous encourageons les gens à discuter avec d’autres amateurs d’art, tout en écoutant des prestations musicales. Nous accueillons également des enterrements de vie de jeune fille, des anniversaires, des activités d’entreprises visant à favoriser l’esprit d’équipe et des rencontres de célibataires.
SL : Croyez-vous que le fait d’accomplir quelque chose d’utile socialement est contradictoire avec celui de gagner de l’argent?
SC : Non, pas du tout. Je n’exploite pas un organisme de bienfaisance. Je fournis un lieu où les gens paient pour se réunir, peindre ensemble, prendre un café et une collation et rapporter à la maison un tableau terminé, en souvenir de leur journée. Mon établissement n’est pas tellement différent des autres cafés, mais je comble peut-être une lacune qui existait déjà.
SL : C’est vrai, mais vous avez certainement dû relever des défis liés à l’exploitation de l’entreprise. Pouvez-vous m’en parler?
SC : Oui, le plus grand défi a été de trouver comment exploiter le potentiel de l’entreprise et la mettre en marché. Il s’agissait d’un tout nouveau concept, ici. Le niveau d’intérêt des gens, envers la peinture, me préoccupait. C’est pourquoi j’ai décidé, dès le départ, de diviser les activités de Paintlounge en deux : une moitié étant orientée vers l’art et l’autre consistant en l’exploitation du café. Ce concept, toutefois, déroutait les clients. J’ai rapidement compris que je devais positionner Paintlounge comme étant un lieu principalement axé vers les arts et j’ai installé des chevalets partout. Le rôle du café est devenu plus accessoire, se transformant en un service pour les clients qui viennent peindre.
SL : Je sais que vous avez reçu du financement de la FCJE. Est-ce que cela vous a aidée?
SC : Bien sûr. En plus du financement, la FCJE offre à ses entrepreneurs l’accès à un réseau extrêmement riche. J’ai été jumelée à un mentor qui travaille comme consultant. Personnellement, je crois que l’aspect le plus avantageux du programme réside dans le fait de pouvoir compter sur un mentor (officiel ou non) qui a vécu des expériences similaires lors de la création de son entreprise et de découvrir comment il a relevé les différents défis qui se dressaient sur sa route. Le groupe LinkedIn de la FCJE, le Pôle Entrepairs, témoigne de la qualité des gens avec qui il est possible d’échanger et d’apprendre.
SL : Cela fait plaisir à entendre. Avez-vous d’autres recommandations qui pourraient être utiles pour les entrepreneurs ou les gens qui envisagent la possibilité de créer leur entreprise?
SC : La première année est toujours la plus difficile puisque personne ne vous connaît. Il vous faut toutefois faire preuve de patience, découvrir qui constitue votre public cible et quelle est la meilleure façon de l’aborder. Ensuite, vous devez mettre en œuvre une bonne stratégie de marketing pour vous faire connaître auprès de vos clients. Pour ma part, j’ai concentré mes efforts sur les médias sociaux, comme Facebook et Twitter, et conclu des partenariats avec des organisateurs d’événements communautaires, comme Night It Up! Il faut travailler très fort, mais vous pouvez réussir.
Paintlounge est en exploitation depuis trois ans et une deuxième succursale ouvrira bientôt ses portes dans le centre-ville (au coin de la rue College et de l’avenue Ossington), au printemps. Pour de plus amples renseignements, visitez le http://www.paintlounge.ca/about/ (en anglais seulement)
Si cette entrevue a suscité votre intérêt, mais que vous avez d’autres questions à poser à nos entrepreneurs et experts, visitez le groupe LinkedIn de la FCJE, le Pôle Entrepairs, où vous pourrez formuler vos questions, afficher des commentaires et obtenir des points de vue et des conseils précieux dans les sous-groupes!