Kim Auclair
  • Entrepreneuriat

La création d’un écosystème entrepreneurial inclusif : Les leçons de Kim Auclair 

Mahjabeen Quader | 28 mai 2025

L’entrepreneuriat devrait être accessible à toutes et à tous. Pourtant, de nombreux entrepreneur.e.s sourd.e.s ou malentendant.e.s continuent de faire face à des obstacles majeurs. Des défis de communication à l’accès au financement et au mentorat, ces entrepreneur.e.s doivent souvent évoluer dans un monde qui ne prend pas en compte leurs besoins. 

Kim Auclair, originaire de Québec, résidant à Shawinigan, Québec depuis 2023, entrepreneure avec plus de 20 ans d’expérience dans la communication Web et la stratégie médiatique, a elle-même vécu ces défis. Elle a consacré sa carrière à aider les entreprises à accroître leur visibilité tout en plaçant l’accessibilité au cœur de la conversation entrepreneuriale. Née avec une surdité de sévère à profonde, elle a reçu un implant cochléaire en 2019—une expérience qui a renforcé sa conviction que le handicap ne devrait jamais être un frein à l’entrepreneuriat. Par son travail, elle développe des stratégies de communication adaptées aux besoins de ses clients et milite pour un écosystème entrepreneurial où l’accessibilité et l’innovation vont de pair. 

Comprendre les obstacles 

Avant de rendre l’entrepreneuriat plus accessible, il est essentiel d’identifier les principaux défis auxquels sont confrontés les entrepreneur.e.s sourd.e.s et malentendant.e.s, comme le souligne Kim : 

  • Barrières de communication : De nombreux événements de réseautage, ateliers et programmes de mentorat reposent largement sur la communication verbale, les rendant moins accessibles. 
     
  • Accès limité au financement : Les institutions financières et les programmes d’investissement ne sont pas toujours adaptés pour évaluer et soutenir les entreprises dirigées par des entrepreneur.e.s sourd.e.s et malentendant.e.s. 
     
  • Manque de sensibilisation et de représentation : Les entrepreneur.e.s sourd.e.s et malentendant.e.s se heurtent souvent à des idées préconçues sur leurs capacités, ce qui entraîne des occasions manquées et une exclusion des réseaux d’affaires. 
     
  • Besoins technologiques et en accessibilité : De nombreux outils de gestion d’entreprise, plateformes de formation et programmes d’incubation ne sont pas conçus avec des fonctionnalités d’accessibilité telles que le sous-titrage, l’interprétation en langue des signes ou des alternatives textuelles. 

La vision de Kim sur l’entrepreneuriat inclusif 

Ayant personnellement rencontré ces défis, Kim insiste sur l’importance d’adopter des stratégies d’adaptation pour réussir. Voici ses recommandations pour bâtir un écosystème entrepreneurial plus accessible : 

1. La communication accessible est essentielle 
 
Kim souligne que l’accès à des outils de communication adaptés a transformé sa capacité à établir des relations en affaires. Elle recommande : 

  • L’utilisation de sous-titres et d’interprétation en langue des signes pour les réunions et événements en ligne. 
     
  • L’utilisation de méthodes de communication flexibles, telles que les courriels, les appels vidéo avec sous-titres et les plateformes numériques accessibles. 
     
  • L’adoption de pratiques inclusives, comme demander aux participants leur mode de communication préféré au lieu de faire des suppositions. 

2. Adapter le mentorat et les opportunités de réseautage 
 
Kim attribue une grande partie de son succès au mentorat, mais reconnaît que les structures traditionnelles de mentorat excluent souvent les entrepreneur.e.s sourd.e.s. Pour créer un environnement plus inclusif, elle propose : 

  •  De se connecter avec des mentor.e.s qui comprennent les besoins en accessibilité et qui sont ouverts à différents styles de communication. 
      
  • D’offrir des conseils écrits ou enregistrés plutôt que de se fier uniquement aux rencontres en personne. 
     
  • D’ajouter des fonctionnalités d’accessibilité aux événements de réseautage, comme des badges nominaux pour une identification facile, des instructions visuelles sur la logistique de l’événement, des ordres du jour partagés à l’avance et des résumés écrits de l’événement dans des blogs ou des PDF. 
      
  • D’assurer que les événements de réseautage intègrent des sous-titres, des interprètes en langue des signes et des options d’engagement textuel pour favoriser l’inclusivité. 

3. Assurer un meilleur accès au financement 
 
Kim a rencontré des difficultés pour obtenir du financement en raison du manque de sensibilisation des investisseurs aux enjeux d’accessibilité. Pour améliorer l’accès aux ressources financières, elle propose : 

  • D’offrir des méthodes alternatives de présentation, comme des propositions écrites ou des vidéos sous-titrées. 
  • De sensibiliser les investisseurs et les institutions financières aux réalités des entrepreneur.e.s handicapés. 
      
  • D’utiliser un langage simple ou des explications visuelles pour rendre les concepts financiers plus accessibles. 
     
  • De développer des processus de demande de financement plus inclusifs, qui ne reposent pas uniquement sur des présentations orales. 

4. La représentation fait la différence 
 
Kim rappelle que la visibilité et le plaidoyer sont essentiels pour provoquer un changement durable. Elle croit que davantage d’histoires d’entrepreneur.e.s sourd.e.s devraient être mises en lumière dans les discussions commerciales traditionnelles. Elle suggère : 
  

  • De mettre en valeur les histoires de réussite des entrepreneur.e.s sourd.e.s dans des blogues, conférences et campagnes numériques. 
     
  • D’intégrer des formations sur l’accessibilité dans les programmes d’incubation et d’accélération d’entreprises. 
     
  • De renforcer la collaboration avec des organisations dirigées par des personnes handicapées pour partager les meilleures pratiques et construire des réseaux de soutien plus solides. 

5. La technologie comme levier d’accessibilité 
 
Tout au long de sa carrière, Kim a utilisé la technologie pour réduire les écarts d’accessibilité. Parmi ses recommandations : 

  • Des applications de transcription telles qu’Otter.ai et les sous-titres ou la transcription en direct sur Zoom.
  • Les services de relais vidéo (SRV), permettant une interprétation en langue des signes en direct, notamment lorsqu’elle collabore avec des personnes sourdes qui utilisent la LSQ (Langue des signes québécoise), qu’elle comprend partiellement sans la maîtriser.
  • Des outils de transcription automatisée pour faciliter la communication dans les milieux professionnels. 

Bâtir un avenir plus inclusif 

L’expérience de Kim montre que la création d’un écosystème entrepreneurial inclusif ne se limite pas à éliminer des obstacles—il s’agit de créer un environnement où chaque entrepreneur.e, peu importe ses défis, peut s’épanouir. 

Elle nous rappelle que l’accessibilité n’est pas une responsabilité individuelle, mais collective. L’objectif n’est pas simplement d’améliorer l’accès pour les entrepreneur.e.s sourd.e.s, mais de bâtir un monde des affaires véritablement inclusif pour tous, en tenant compte des besoins diversifiés des entrepreneur.e.s. Plus nous agissons rapidement, plus nous nous rapprochons d’un avenir où le succès entrepreneurial repose sur l’innovation et le talent—et non sur l’absence de barrières d’accessibilité. 

 
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