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Pourquoi l’échec est-il nécessaire?

2 août 2017

Il y a quelques années, l’échec entrepreneurial était très mal perçu. On évitait tout simplement d’en parler. Il valait mieux avoir été employé toute sa vie que d’avoir essuyé un échec en tentant la démarche entrepreneuriale.

Au cours des dernières années, l’échec entrepreneurial a graduellement cessé d’être un tabou. Puis, il est ensuite devenu la vedette du moment. On fait désormais l’éloge de l’échec à titre de moteur d’apprentissage de la démarche entrepreneuriale. Les entrepreneurs et coach en démarrage d’entreprise s’entendent tous pour dire que l’échec est le point de départ du succès en affaires.

À première vue, cela porte à croire que la peur de l’échec en entrepreneuriat a globalement diminué au cours des dernières années. Pourtant, c’est tout le contraire! Depuis les 15 dernières années, la peur de l’échec entrepreneurial a plutôt bondi de 12 % dans la population (GEM, 2016). Bien que l’échec ne soit plus un tabou aujourd’hui, elle ne fait pas moins peur aux entrepreneurs en devenir.

Sachant que la peur de l’échec est ce qui freine la plupart des gens à devenir entrepreneur, il est important de continuer à dédramatiser le phénomène. La bataille est loin d’être gagnée.

Alors que les histoires d’échecs utiles pullulent, j’ai choisi de vous présenter le phénomène sous un autre tout autre angle. Il est bien de savoir qu’on ne meurt pas d’un échec, mais encore faut-il savoir en quoi l’échec peut aider au succès. Nous allons donc nous demander : pourquoi l’échec est-il utile en entrepreneuriat? Pourquoi en parle-t-on autant positivement? Pourquoi est-ce nécessaire d’échouer?

Une définition erronée de l’échec entrepreneurial

La première question à se poser est la suivante : qu’est-ce que ça signifie, en soi, d’échouer sur le plan entrepreneurial? Allons-y simplement avec la définition d’un échec, selon le Larousse :

« Échec : Résultat négatif d’une tentative, d’une entreprise, manque de réussite ; défaite, insuccès, revers. Subir un échec. »

Dites-moi, qu’est-ce que cette définition évoque en vous? Rien de positif vous me direz! Par définition, l’échec est un mal. Il s’agit de l’inverse de la réussite ou du succès.

Le mot échec a donc une connotation très négative. Pourtant, en entrepreneuriat, l’échec fait tout simplement partie du processus. Il n’a rien de négatif, il est simplement une réalité inévitable.

Dès les balbutiements d’un projet d’affaires, l’entrepreneur est destiné à rencontrer toute une série d’embûches. Que ce soit par rapport au produit, aux opérations, aux initiatives marketing ou aux solutions technologiques, l’entrepreneur essuiera une série de petits, de moyens et de grands échecs.

Sachant cela, est-ce qu’« échec » est réellement bon mot à utiliser pour définir toutes ces embûches rencontrées par l’entrepreneur sur son parcours? Est-ce que défis, obstacles, réorientations, constats d’inefficacité ou itérations ne seraient pas de meilleurs termes à utiliser pour décrire ces embûches?

Les petits échecs et les grands échecs  

En entrepreneuriat, on distingue les petits des grands échecs. Par exemple, une campagne marketing inefficace sera un petit échec alors qu’une faillite sera généralement considérée comme un grand échec. On peut donc se permettre de hiérarchiser les échecs afin de prendre un peu de recul. L’échec d’une campagne marketing n’est pas l’échec du projet d’affaires en soi. C’est plutôt l’échec d’une initiative parmi tant d’autres, au sein d’un projet encore bien en vie.

Maintenant, je vous pose les questions suivantes : Les petits et les grands échecs sont-ils liés? Ont-ils une influence les uns sur les autres? Est-ce qu’un petit échec augmentera ou diminuera la probabilité d’essuyer un grand échec ultérieurement?

Les petits échecs vous éloignent des grands échecs

Reprenons l’exemple de la campagne marketing inefficace. Supposons que vous ayez investi 2 000 $ dans cette campagne et qu’elle n’ait généré aucune vente. Il est presque certain que vous ressentirez cette embûche comme un échec. C’est normal!

Cela dit, un peu de recul vous permettra de concevoir cet épisode comme un simple apprentissage. Qui plus est, cet apprentissage aura été une clé d’évitement d’un échec plus grand dans le futur, notamment : une campagne marketing inefficace encore plus coûteuse, une baisse de clientèle ou même, ultimement, une insolvabilité de l’entreprise.

En résumé, un grand échec ne peut être évité que par un cumul des petits échecs dont on tire des leçons. Dans notre exemple, la campagne marketing infructueuse est source d’un apprentissage-clé qui évitera à l’entrepreneur un ou des échecs futurs bien plus grands. (Pour en apprendre sur le marketing efficace à petit prix)

Les petits et les grands échecs ne sont qu’une question de perspective

Alors qu’on peut maintenant départager les petits des grands échecs, on peut avoir tendance à placer l’échec d’un projet d’affaires au sommet des échecs entrepreneuriaux. Et pourtant, ce dernier est loin d’être l’insuccès ultime. En prenant un peu de recul, on se rend compte que l’échec d’un projet d’affaires peut s’inscrire ponctuellement comme un apprentissage au sein d’une démarche entrepreneuriale globale.

En d’autres mots, si votre projet ne fonctionne pas, ça ne signifie pas que l’ensemble de vos projets entrepreneuriaux échoueront également. Bien au contraire! Beaucoup d’entrepreneurs ont connu trois ou même quatre échecs avant de mettre au monde un projet à succès.

Tout comme c’est le cas pour les petits échecs, les grands échecs s’inscrivent dans une perspective encore plus large, c’est-à-dire le parcours entrepreneurial d’une personne, sa vie professionnelle et personnelle et même, sa génération ou les générations futures.

Dans une perspective générationnelle, quel est le poids de l’échec d’un projet d’affaires? Quand on prend un peu de recul, on relativise rapidement un échec, qu’il soit petit, moyen ou grand.

La notion d’itération

La démarche entrepreneuriale est un processus itératif. Cela signifie qu’elle est fondée sur le principe d’essais et erreurs (Stuart et al., 2011).

Sans essais infructueux, l’entrepreneur ne peut savoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Que ce soit au sujet du client type, de l’industrie, de l’entreprise ou même, de l’entrepreneur lui-même, ce principe s’applique toujours. Autrement dit, pour chacune des composantes du projet entrepreneurial, ce sont les essais et erreurs qui permettront de progresser vers les choix optimaux. (Pour en apprendre sur les décisions optimales)

Quelles sont les personnes les plus susceptibles d’acheter les produits ou les services de l’entreprise? Où trouver ces personnes? Comment leur communiquer les bénéfices de l’offre de l’entreprise? Quel est le niveau optimal de service à leur fournir? Voilà le type de questions fondamentales qui trouvent leur réponse dans le processus itératif de la démarche entrepreneuriale.

La valeur de l’échec

Vous l’aurez compris, ce qui a le plus de valeur dans une entreprise, ce sont les connaissances et les compétences acquises à travers l’expérience. Ce sont ces connaissances et ces compétences qui sont à la base des bonnes décisions d’affaires qui propulsent une PME au sommet. Or, ce savoir et ce savoir-faire ne peuvent être acquis qu’à travers les essais et les erreurs. En d’autres mots, la capacité à prendre de bonnes décisions d’affaires se développe au fil des échecs.

Retenez donc ceci : (1) L’échec ne doit pas avoir une connotation négative dans votre esprit, (2) les petits échecs vous éloignent des grands échecs, et (3) en rétrospective, un grand échec est rarement si grand et finalement (4) le processus itératif est à la base de la démarche entrepreneuriale. Faire des erreurs est donc la seule certitude en entrepreneuriat. Voilà pourquoi, entrepreneurs de mon cœur, l’échec est nécessaire au succès.

Rédigé par : Jean-Philippe L’Écuyer, entrepreneur en résidence, Futurpreneur Canada