• Entrepreneuriat
  • Futurpreneur(s) et partenaires

Quand la nouvelle entreprise n’est plus neuve : les contes de la mêlée

Guest Blogger | 16 août 2016

shutterstock_157706513

Texte de : Don-E Coady (Dc), propriétaires et directeurs artistiques, Dc Design House Inc.

Qu’entends-tu par « la fête est finie »?

Tu as tout faux. Je suis flambant neuf, tiens. En fait, peut-être pas « tout à fait » flambant, mais presque. Je veux dire, ce mois-ci, je fêterai mes sept ans dans le paysage entrepreneurial. Le prêt que j’ai obtenu pour lancer mon entreprise est remboursé depuis longtemps. Je fais travailler des gens, moi. Quinze, même.

Hum… J’imagine que je devrais être content et me sentir chanceux. Mais où est mon cortège de partisans — ceux avec une foi en moi sans bornes? Et mon thème musical, il est où?!?

La solitude en gang

Mon entourage compte une équipe dévouée, une clientèle de rêve et des organisations partenaires grâce à qui on est ici aujourd’hui et on fait ce qu’on aime. Mais émotionnellement et opérationnellement? Je me sens seul. Pourquoi? Pour une bonne raison : ma jeune entreprise est devenue mature.

Et c’est là, c’est là tout le problème : les entreprises en démarrage sont séduisantes et sexy, tandis que les entreprises matures se retrouvent rapidement dans les « nouvelles de la veille » et doivent s’estimer heureuses si on parle encore d’elles.

Un vieux de la vieille, comme qui dirait

J’ai fondé Dc Design House Inc. avant même que l’expression « entreprise en démarrage » n’existe. Dans mes vies antérieures, j’ai été directeur artistique pour deux entreprises de produits et de services technologiques qui ont reçu le feu vert et une tonne de fonds de la part d’organismes de financement. Des hommages, j’en ai eu. Et de l’amour, en masse.

Depuis, j’ai vu naître des espaces de travail collaboratif en réplique aux flâneurs dans les cafés, qui essayaient tout simplement de lancer quelque chose. Puis, j’ai vu des espaces locatifs emboîter le pas et offrir des lieux où pourraient naître des idées.

Et crois-moi, je les ai vus, les cordons de la bourse, se délier devant l’idée nouvelle d’une âme courageuse et enthousiaste aux yeux brillants ou de quelques collègues aux vues similaires. De la technologie au service ou plus encore, si les instigateurs sont animés d’un désir d’efficacité, de productivité ou d’une mission d’économie sociale, les projecteurs sont là, toujours prêts pour la prochaine idée de génie. Mais dis-toi bien : la solitude t’attend au sommet.

La pression fait des miracles

Prouver qu’on est capable de changer l’eau en vin avec un peu de pression et de persévérance, en travaillant jour et nuit, trouve rarement écho.

Les félicitations que vous vous lancez à l’interne et que vous lancez à ceux qui dépendent de vous sont comme les dernières gouttes de la bouteille que vous avez mis tant d’efforts à remplir… et à partager.

Reviens-en.

À présent, les tambours et trompettes des sceptiques résonnent au loin et disent : « Trouve-toi une vie, espèce de minable pathétique. Tu y es arrivé. Tu as réussi. Tu devrais être content, te sentir chanceux… Tu te souviens? »

Bon, primo, la chance, on se la fait. Deuxio? Tiens-toi-le pour dit : je crève de faim aujourd’hui autant qu’au tout premier jour de mon entreprise. Je me suis simplement découvert la capacité de dire, grâce à maints prodiges et miracles, que l’entreprise est encore en vie ; j’apprends encore et j’espère toujours, je souhaite donner… et recevoir. Je ne suis qu’un humain, après tout, et ma bête — bien qu’elle soit un peu plus bas dans la chaîne — n’est encore qu’un baril de poudre donnant des étincelles.

Quoi de nouveau là-dedans?

En plus d’assurer le bon fonctionnement (et la croissance) de toute l’entreprise, de courir après un rêve, on se demande, une fois au sommet, devant cette belle vue : quelles responsabilités s’ajoutent à ma liste aujourd’hui, et à celle de mon équipe, de mes clients et du milieu? (Parce que même si le salaire intéresse encore, c’est n’est plus la seule chose qui compte.)

Guider et inspirer? Évidemment. Recruter la meilleure équipe et constituer le meilleur réseau d’individus partageant la même vision? Certainement. Voir plus grand, être une meilleure personne, travailler plus intelligemment et changer les choses? Incontestablement. Nous acceptons tous ces nouveaux défis ; c’est le lot des entreprises matures, après tout.

*on attend les applaudissements*

*pas d’applaudissements*

*et alors que je me rappelle*

En tant que fier propriétaire d’une entreprise mature, je dois faire face à une responsabilité plus grande et plus importante encore : devoir admettre que sept ans plus tard, il m’arrive encore de ne pas être à la hauteur. C’est peut-être l’occasion de prolonger la fête, justement. Le rappel qu’il faut célébrer où on en est et dire : « D’accord, tout le monde est peut-être parti et le punch est tout bu, mais devine quoi? Tu sais comment le faire, ton maudit punch, sinon tu peux t’inspirer de la recette du succès des autres, longtemps après qu’ils ont cessé d’être la saveur du mois. »

Regarder vers l’avenir… encore.

Tous ceux qui sont en couple le savent : sept ans, ça vous démange. Le contour du tissu est un peu usé et on se retrouve un peu coincé sous la maison qu’on a construite graduellement… c’est toujours comme ça. Mais heureusement, la marque que j’ai créée s’est implantée et fait encore son petit bonhomme de chemin. J’en suis reconnaissant.

La suite? Nous avons des plans, bien sûr. Mais il faut aussi prévoir du temps pour célébrer le chemin parcouru et le chemin qui nous attend. Mes hommages à tout nouveau propriétaire d’entreprise, mais n’oublions pas que les propriétaires d’entreprises matures n’ont pas changé ; ils sont encore remplis d’espoir, d’ardeur et d’ambition. Nous ne sommes peut-être pas la saveur du mois, mais avons réussi notre pari et à plusieurs égards, il y a encore beaucoup à dire sur notre entreprise.

Vous êtes un entrepreneur accompli à la recherche d’un regain d’espoir? Faites-moi signe qu’on rigole un peu.