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L’accord de partenariat. Ami ou ennemi?

Guest Blogger | 9 avril 2015

Photo Credit: www.trainingjournal.com

Tim Rudkins, accompagnateur de petites entreprises et solopreneur

Vous détenez une bonne idée d’entreprise et avez même trouvé des gens prêts à collaborer avec vous pour vous aider à la mettre sur pied. Ils possèdent les compétences qui vous manquent et, comme vous les connaissez depuis un certain temps déjà, vous avez la conviction que vous pouvez leur faire confiance. Vous savez néanmoins que les choses peuvent changer, vous décidez donc d’élaborer ensemble un solide accord de partenariat et de le faire vérifier par un avocat. Il s’agit d’une bonne décision, c’est d’ailleurs ce que suggèrent les livres.

C’est probablement une grave erreur.

Je ne sais pas pourquoi les accords de partenariat semblent être une panacée à tous les maux, mais je soupçonne une complicité entre les écoles de commerce et les avocats! D’après mon expérience personnelle et le travail que j’effectue auprès de différents clients, ces accords peuvent faire plus de mal que de bien.

Quels problèmes les partenariats peuvent-ils entraîner? Il y en a plusieurs, mais la plupart se résument généralement au fait que vous vous engagiez dans quelque chose, sans savoir ce que l’avenir vous réserve. Cela s’apparente au débat visant à déterminer si un pays doit élaborer une « constitution » immuable (par ex., le système américain) ou, plus simplement, mettre en place des lois et des conventions pour réagir aux situations qui surviennent au fur et à mesure (par ex., le système britannique).

Une fois l’entente signée, les difficultés commencent à  apparaître. Un associé consacre plus d’efforts que l’autre, les désaccords au sujet de certaines décisions provoquent de profondes divisions, ou encore, les familles prennent parti. Si les choses commencent à mal tourner, elles s’enveniment avec les avocats et les autres parties impliquées. Une personne contrôle généralement l’argent, alors qu’une autre connaît peut-être le mot de passe pour le site Web. Qui détient les droits concernant la marque et les coordonnées des clients? Si vous pensez pouvoir éviter tous ces désagréments à l’aide d’un accord blindé, sachez que rien ne garantit que tout le monde a l’intention de s’y conformer. Dans ces cas-là, la seule solution est de s’adresser aux tribunaux. C’est un véritable désastre.

Alors, que faire? Reconnaissez que les choses ne sont pas immuables et qu’elles vont probablement donner lieu à des discussions. Acceptez de vous engager dans une démarche équitable et qui convienne à tous (sans avocat), axée sur des rencontres, des échanges et un processus décisionnel continu. En d’autres termes, admettez dès le départ que vous pouvez être amenés à ne plus vous entendre et que la seule solution pour empêcher cela d’arriver est de poursuivre le dialogue régulièrement.

Dans  l’entreprise que j’ai créée avec deux autres personnes, c’est exactement ce que nous avons fait. Nous avons tous gardé nos entreprises respectives et convenu de ne pas signer de partenariat officiel. Nous avons d’abord regroupé un premier ensemble d’idées sur l’approche que nous adopterions pour exploiter l’entreprise et mis en place un processus constitué de réunions obligatoires, de mécanismes décisionnels et même de procédures d’arbitrage. Nous avons beaucoup discuté au début, fait preuve de franchise et établi une relation d’affaires permettant à quiconque de se retirer en tout temps. Est-ce que cela fonctionnera? Seul le temps le dira. Mais j’ai plus confiance en cette approche qu’en tout autre partenariat raté, que j’ai pu conclure dans le passé.

Je conversais récemment avec un entrepreneur du secteur de la construction qui est associé à son frère depuis 30 ans. Ils n’ont jamais signé d’accord officiel et, si un problème survient, ils le règlent. Comme les temps changent (l’un d’eux envisage en effet de prendre sa retraite), ils ont juste continué à parler pour trouver une solution afin de gérer la situation. À mon avis, c’est tout à fait ce qu’il convient de faire.