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5 émotions à surmonter pour entreprendre!

24 septembre 2015

Le monde des affaires est souvent dépeint comme étant le temple du pragmatisme, où cohabitent disciples et prophètes d’un rationalisme pur et parfait.  Or, il en est tout autre! Le monde des affaires, bien qu’il soit ainsi dépeint, est constitué d’êtres humains sensibles qui vivent des émotions parfois très intenses.

La démarche entrepreneuriale ne fait pas exception, bien au contraire. Quelle responsabilité imposante que de quitter son emploi, de s’engager financièrement et de tenter de créer une nouvelle entreprise! Démarrer une entreprise implique de traverser différentes phases psychologiques, au cours desquelles se rattachent des émotions parfois difficiles à gérer. Les entrepreneurs que j’accompagne vivent un large éventail d’émotions, qui sont propres à leur vécu. Malgré cette panoplie d’émotions, certaines sont plus fréquemment observées que d’autres. Dans cet article, je vous parle des cinq émotions les plus partagées ainsi quelques conseils pour mieux gérer chacune d’entre elles.

L’anxiété de la bonne idée

Je l’ai trouvée! C’est l’idée du siècle! Je vais devenir riche, c’est certain! On va me la voler si je ne me dépêche pas!

Bien que cela puisse a priori paraître merveilleux d’avoir trouvé une idée d’affaires exceptionnelle, j’observe que c’est rarement ressenti comme un bonheur paisible par les entrepreneurs. La réaction la plus commune est un mélange d’excitation et d’anxiété. Cela vient du sentiment que la bonne idée peut nous glisser des doigts et être exploitée par un quelqu’un d’autre.

Le danger avec cette émotion, c’est qu’elle pousse à agir dans la précipitation. Or, bien qu’il soit important de savoir plonger et passer à l’action, il n’est pas recommandé de le faire sous cette impulsion précise. Ce sentiment d’urgence à se lancer en affaires pour ne pas se faire voler son idée peut conduire à un engagement financier démesuré et surtout, à un mauvais séquencement de la démarche entrepreneuriale.

Si vous êtes dans cette situation dites-vous simplement que l’idée d’affaires ne fait pas le modèle d’affaires. Autrement dit, l’idée ne fait pas le succès. Il vous faut prendre le temps de développer un modèle d’affaires rentable, c’est cela qui assurera le succès de votre entreprise. L’idée à elle seule n’a pas de valeur dans le marché. Alors, assurez-vous de bien l’exécuter, c’est à ce niveau que réside votre succès.

Le découragement face à un nouveau concurrent

Il fait exactement ce que je veux faire! Il a pris mon idée! C’est exactement mon concept!

Quelle douleur de voir un autre réaliser un projet d’affaires que l’on portait soi-même, au plus profond son cœur. Je comprends bien la tristesse des entrepreneurs qui vivent cette situation. Au fait, l’engagement profond envers le projet est caractéristique de l’entrepreneur. Il est normal qu’une telle situation éveille une tristesse.

Cela va vous surprendre, mais si tel est votre cas, c’est une excellente nouvelle! Sincèrement! Un nouveau concurrent a lancé un projet semblable au vôtre, vous avez alors devant vous un merveilleux cobaye. Il va prendre des risques à votre place, éduquer le marché à votre idée, et vous apprendrez de ses erreurs. Alors, foncez! Donnez-lui sa chance et profitez de cette occasin pour améliorer votre modèle!

La peur de l’endettement

Moi je ne veux pas de dettes! Non, je ne veux pas un financement immédiatement! Je vais essayer de ne pas prendre de prêt!

Ça peut sembler très sain de ne pas vouloir s’endetter, mais c’est une fausse croyance. Cela peut être pertinent dans le cas de la gestion d’un budget personnel, mais pour une entreprise il s’agit d’une toute autre histoire. Il est très important d’avoir un maximum de liquidités quand on se lance en affaires, parce que la rupture des liquidités ne pardonne pas! Il faut toujours que l’entreprise soit en mesure d’acquitter ses obligations. Les problèmes commencent lorsque ce n’est pas le cas.

Il est très important d’accepter l’idée qu’entreprendre implique une responsabilité financière. Or, entreprendre sans contracter d’engagement financier n’est pas possible. Il est nécessaire que l’entrepreneur se dote des leviers financiers dont il a besoin pour concrétiser son idée.

Il est normal de prendre une bonne respiration devant le coût total de son projet. Cela peut paraître imposant. Toutefois, il faut comprendre qu’il s’agit d’une pièce de plus dans la démarche entrepreneuriale, uniquement. Cela fait partie de la grande aventure, et il s’agit d’une mesure préventive pour la santé de votre entreprise.

Le sentiment d’essoufflement

Je travaille tout le temps sur mon projet! Je ne vois plus personne! Je n’ai plus de vie!

Je les ai entendues à maintes reprises ces phrases-là. Avouons-le, la démarche entrepreneuriale est exigeante. Ceci dit, il y a une petite mise au point à faire. Si vous dites Je n’ai plus de vie pour faire une figure de style littéraire, ça va. Si vous le dites parce que c’est vrai, rien ne va plus! Il est important que vous vous donniez de l’espace comme entrepreneur. Le travail est important, mais il ne doit pas prendre toute la place. Et c’est beaucoup plus simple à dire qu’à faire.

J’ai aidé des entrepreneurs à prendre cette distance saine par rapport à leur projet, afin que leur vie personnelle n’en souffre pas, mais aussi pour que leur projet reste en santé. Dites-vous bien qu’une PME a besoin de son promoteur. Si le promoteur est à bout de souffle, l’entreprise est à bout de souffle. Si l’entrepreneur est perturbé, sa PME l’est également. Si l’entrepreneur tombe malade, son projet aussi, tombe malade.

Il est important que l’entrepreneur prenne soin de lui et de sa vie personnelle. Cela implique de prendre soin de sa santé mentale et physique et de sa vie sociale. Le succès de son entreprise en dépend.

Le sentiment de solitude

Personne ne comprend ce que j’essaie de faire! Mes amis me disent tous que ça ne fonctionnera pas! Ma mère me dit que je devrais me trouver un emploi!

Seul aux commandes. Voilà comment expliquer la réalité de l’entrepreneur. Il est normal que certaines personnes de votre entourage ne comprennent pas ce que vous faites. Aussi, il est normal que d’autres ne vous appuient pas ou encore désapprouvent votre démarche. Ce dernier cas est de moins en moins fréquent avec le mouvement de sensibilisation à l’entrepreneuriat, mais on le voit encore beaucoup!

L’entrepreneur doit donc développer une saine assertivité face à son entourage. Cela implique qu’il doit sortir de sa solitude de façon autonome et ne pas attendre qu’on vienne à lui. Cela implique aussi que l’entrepreneur doit avoir confiance en sa démarche et en sa compréhension du marché. Une telle attitude aide à se détacher du manque d’adhérence de l’entourage au projet. Il est normal de s’attendre à une certaine validation sociale de ses efforts. Il faut toutefois comprendre que le propre de l’entrepreneur, c’est de se lancer dans une aventure que peu de gens connaissent. Par définition, c’est cela un entrepreneur.

Écrit par: Jean-Philippe L’Écuyer, Entrepreneur en résidence à Futurpreneur Canada, jplecuyer@futurpreneur.ca.