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E03: Voir grand – Échapper à l’esprit du micro-entrepreneuriat avec Frénie Jean-Baptiste

Guest Blogger | 27 juillet 2022

Écoutez notre nouveau podcast, Startup + Prosper ! Notre podcast se concentre sur les éléments clés de l’entrepreneuriat tout en mettant l’accent sur l’état actuel de l’entrepreneuriat noir au Canada. Chaque épisode a pour but d’inspirer et d’éduquer les auditeurs sur les entreprises appartenant à des Noirs et leur réalité, tout en donnant un aperçu des objectifs de Futurpreneur en matière de croissance, d’apprentissage et de lutte contre les disparités auxquelles est confrontée la communauté entrepreneuriale noire. Lisez leurs histoires, écoutez et abonnez-vous à notre podcast, Startup + Prosper:

E03: Voir grand – Échapper à l’esprit du micro-entrepreneuriat avec Frénie Jean-Baptiste

Si quelque chose ne convient pas, vaut mieux s’en défaire. Ça s’applique également à l’état d’esprit.

Le micro-entrepreneuriat désigne les petites entreprises qui opèrent avec un investissement minimal et qui comptent un petit nombre d’employés. Si c’est ce que Frénie Jean-Baptiste, fondatrice de Bayard Gâteaux et Bayard Royal, a entrepris de faire, elle a toujours eu une vision plus large. En 2015, elle lance une entreprise en ligne spécialisée dans la confection et la livraison de gâteaux à la crème au beurre. Depuis, des milliers d’heureux amateurs de ces gourmandises se sont régalés chez eux ou lors d’événements, notamment des mariages, des fêtes et autres célébrations. En 2020, Jean-Baptiste a lancé Bayard Royal, une gamme de gâteaux au rhum qui sont maintenant vendus en ligne et dans divers points de vente à travers la province.

Bien qu’il s’agisse d’une petite entreprise, Bayard génère un importan volume d’activités, et bénéficie d’un rayonnement remarquable. Frénie Jean-Baptiste ne s’est jamais arrêtée à l’échelle de ses opérations, et nous aurions tous intérêt à éviter la mentalité de micro-entrepreneuriat, qui est particulièrement présente auprès des entrepreneurs noirs.

Des études récentes examinent les réalités des entrepreneurs noirs au Canada. Un rapport de Pitch Better Canada a déterminé que 45 % des entrepreneures noires considèrent que le cycle de vie de leur entreprise est en phase de développement. Rise Up, un projet de recherche commandé par la Black Business Professional Association (BBPA) mené auprès de 700 entrepreneurs noirs, a conclu que la majorité des entreprises interrogées exerçaient leurs activités à domicile, en ligne et ne comptent pas d’employés. Par ailleurs, l’étude Inclusive Entrepreneurship : Exploring the Barriers Facing Black Entrepreneurs in Canada, menée par le groupe sénatorial afro-canadien, a mis en évidence le manque d’accès au capital et aux ressources : 44 % des entreprises recensées ne sont pas en mesure de se rémunérer. Et malgré cela, 87 % des entrepreneurs noirs interrogés déclarent être plutôt optimistes quant à l’avenir de leur entreprise.

Si très tôt Frénie Jean-Baptiste s’est intéressée au commerce électronique, c’est une vidéo YouTube présentée par des entrepreneures qui l’a incitée à lancer sa première entreprise. Alors étudiante à l’université, elle lance un site web de décoration de fêtes. De son propre aveu, ce fut un échec. « Ça n’a pas fonctionné parce que ça demandait un très grand investissement que je n’avais pas », admet-elle au sujet de cette expérience.

Sa deuxième idée vient du cœur. Mme Jean-Baptiste a grandi aux côtés de sa grand-mère, et dès l’âge de 4 ans, elle aimait déjà l’aider à cuisiner. Près de vingt ans plus tard, alors qu’elle étudie à Montréal, elle apprend que sa grand-mère, qui vit à l’étranger, est atteinte d’un cancer. Frénie décide alors de tout arrêter et de passer du temps avec elle. « C’était comme avant, on a recommencé à cuisiner même si elle était très affaiblie », se remémore l’entrepreneure. Ainsi, le déclic se produit. Elle aime cuisiner, faire des gâteaux et possède déjà beaucoup de matériel de cuisine, alors pourquoi ne pas lancer une entreprise en alimentation ?

Rapidement, Mme Jean-Baptiste conçoit un logo. Le nom, Bayard, est celui de sa grand-mère, tout comme la recette du gâteau. « Je l’ai montré à ma grand-mère, elle était tellement émue », raconte-t-elle. Malheureusement, deux semaines plus tard, Mme Bayard est décédée, cédant un héritage précieux à sa petite-fille.

Frénie Jean-Baptiste lance son entreprise deux mois plus tard. En vendant en ligne, elle se démarque. « Il y a beaucoup de pâtissières à Montréal et dans la communauté. Pourquoi ne pas faire des gâteaux prédécorés, qu’on vendrait en ligne ? Tout ce que les gens ont à faire, en deux clics, est de commander le gâteau. Et nous, on fait la livraison. »

À l’époque, l’entrepreneure n’imaginait pas encore commercialiser son produit partout au Québec. « Tout ce que je voulais, c’était d’avoir une entreprise. Déjà pour moi c’était un défi, je n’avais aucune envie de rentrer dans l’entrepreneuriat. C’est un défi que je me suis lancée parce que j’ai vu d’autres personnes le faire », confie-t-elle.

En 2020, elle a lancé un autre projet, Bayard Royal. Avec cette nouvelle initiative, l’entreprise confectionne et vend des gâteaux au rhum à l’aide de canaux, d’une stratégie et d’un site web distincts de ceux de Bayard Gâteaux. Le produit est vendu partout dans la province, et on peut le trouver dans certains magasins IGA. « On vise un public beaucoup plus grand », explique la fondatrice, ajoutant que les derniers mois ont été très chargés en termes de production. « Les gens pensent souvent que j’ai une très grosse équipe, alors qu’on fonctionne encore à trois », dit l’entrepreneure, qui mène l’entreprise avec sa mère et son conjoint.

Faire preuve de simplicité ne l’a jamais empêché de voir plus grand, et d’adapter sa stratégie à ses moyens et à ses ambitions. « C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai dû travailler beaucoup sur la stratégie pour simplifier mon processus de production et de fabrication », explique-t-elle.

Les choses seraient-elles différentes si elle se lançait aujourd’hui, plutôt que lorsqu’elle l’a fait en 2015 ? Sans aucun doute déclare la femme d’affaires, qui reconnaît qu’il y a plus de visibilité et de ressources disponibles pour les entrepreneurs noirs. À l’époque, elle se retrouvait à devoir expliquer encore et encore son projet pour que les gens saisissent de quoi il s’agit.

À ses débuts, Frénie Jean-Baptiste ne disposait pas de mentors. Elle s’est tournée vers les podcasts, vidéos YouTube, publications Instagram et livres d’entrepreneurs qui lui offraient des conseils.« Je me suis rendue compte que les gens qui réussissent, surtout dans le milieu de l’alimentation, étaient ceux qui avaient délaissé l’idée de micro-entrepreneuriat vers une plus grande entreprise », dit-elle. « C’était souvent des gens qui se concentrent sur un ou deux produits, qui s’arrangent pour avoir beaucoup d’économie d’échelle et qui poussent ce produit. J’ai décidé d’adopter une stratégie similaire. » On entend là un des nombreux conseils qu’elle prodigue. « Au lieu de faire plusieurs choses, d’avoir plusieurs produits à la fois, choisis un ou deux produits que tu maîtrises très bien. Puis, commercialise-les », nous recommande-t-elle. Pour en savoir plus, écoutez l’épisode du podcast Startup+Prosper Échapper à l’esprit du micro-entrepreneuriat avec Frénie Jean-Baptiste ici.