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Faire le saut en entrepreneuriat

Guest Blogger | 14 septembre 2016

Les perspectives d’emploi ne sont plus ce qu’elles étaient, un constat qui incite beaucoup de personnes à faire le saut en entrepreneuriat. Parfois, c’est parce qu’elles n’ont pas le choix, mais la plupart du temps, c’est parce que le neuf à cinq ne les comble pas entièrement. Échapper au monde des entreprises qui étouffe la pensée créative, vivre sa passion, étancher sa soif d’action sociale, décider du « quand », du « où » et du « comment »; toutes ces raisons donnent à la vie d’entrepreneur un charme indiscutable. Bien que ces aspects de l’aventure soient effectivement positifs, la réalité est qu’il y a un prix à payer : être entrepreneur est un travail extrêmement dur qui nécessite beaucoup de détermination et une préparation tant physique que mentale.

Avec la multitude de personnes talentueuses qui tentent leur chance, le nombre d’entrepreneurs s’est accru de façon exponentielle, ajoutant par le fait même une pression pouvant être très difficile à supporter. C’est comme si lancer et gérer son entreprise ne suffisaient plus. Pour survivre, l’entrepreneur moderne doit maîtriser l’art de la vente, de la conception (jusque dans le moindre détail), du commerce dans les médias sociaux, de la finance, du réseautage professionnel. Il doit aussi être un gestionnaire empathique et posséder un tas de compétences dignes du 21e siècle. Pour réussir, l’entrepreneur moderne doit vraiment puiser dans toutes ses ressources. Sans oublier, bien entendu, la possibilité bien réelle de l’échec. En fait, la vaste majorité des aventures entrepreneuriales se soldent par un échec.

Ayant moi-même fondé une entreprise dans le secteur immobilier centrée sur la gestion de propriétés résidentielles, je suis reconnaissante d’avoir connu tant la pression du succès que la pression des revers. J’en ai tiré des leçons qui m’ont servie par la suite et dégagé trois grands principes qui s’avèrent extrêmement pratiques pour gérer le stress et la pression inhérents à la vie d’entrepreneur.

Développer une identité double, mais complémentaire est un principe qui m’a permis de créer une frontière entre mon « moi » et mon entreprise. Me percevoir comme une entité distincte à mon entreprise m’a permis de gérer les coûts psychologique et émotionnel des hauts et des bas du quotidien de l’entrepreneur et, réciproquement, de faire en sorte que mes difficultés personnelles ne nuisent pas à mon travail avec mes clients.

Laisser mon développement personnel s’opérer sans l’influence de mon entreprise m’apporte aussi une perspective extérieure bienfaitrice et ajoute un ensemble de compétences à ce que je fais au travail. D’un autre côté, laisser l’entreprise prendre des avenues qui ne correspondent pas toujours à mes compétences personnelles lui permet d’emprunter des chemins inattendus et de renforcer la résilience à l’interne.

Poser les bonnes questions est plus important que connaître toutes les réponses; ce principe a été déterminant dans mon succès. Grâce à lui, j’ai veillé à ne pas prendre de décisions sans d’abord recueillir différents points de vue grâce à une collaboration active. En effet, les avis de mes clients, de mes employés, de mes partenaires d’affaires et de mes précieux mentors m’ont permis de rester bien au fait du marché et d’améliorer mon offre année après année.

Les entrepreneurs tombent souvent dans le piège de croire qu’ils doivent tout savoir dans toutes les facettes de leur entreprise. Bien qu’il soit essentiel d’être une spécialiste de son domaine, les choses changent si vite qu’une entrepreneure est obligée de mettre à profit tant ce qu’elle sait que ce qu’elle ne sait pas en faisant participer son réseau.

Accepter l’incertitude et l’inclure à la gestion de son entreprise; voilà un autre principe qui a été déterminant pour atténuer le risque et orienter mon entreprise. On dit souvent que tout bon entrepreneur doit savoir tolérer l’incertitude, mais cette tolérance n’est pas une préparation suffisante à la réussite et à l’échec. À Toronto par exemple, le marché de l’immobilier est en pleine phase d’accélération. Certains présagent le maintien de cette tendance, tandis que d’autres la perçoivent comme une bulle près d’éclater. Mais personne n’a de boule de cristal! Dans ce contexte, je dois diriger mon entreprise de gestion immobilière sans me laisser paralysée par cette divergence de perspectives d’avenir. Je dois gérer de façon proactive et envisager tous les scénarios, même simuler des crises. En élaborant, pour mon entreprise et pour moi-même, une stratégie qui s’adapte aux conditions changeantes du marché, je saurai prendre les dispositions nécessaires.

Encore aujourd’hui, le vieil adage qui dit qu’il faut « regarder avant de sauter » s’applique à l’entrepreneur potentiel. Mon dernier conseil? Réfléchissez avant d’agir. Un travail acharné, un fort prix à payer et une pression inégalée; voilà les défis qui vous attendent. Les connaître et les comprendre exige un examen minutieux.

Pendant les trois premières années de mon aventure entrepreneuriale, j’ai écrit dans un journal, noté mes plus grandes leçons et les expériences qui ont favorisé ma réussite. Dans la série de billets que je vous offre, j’espère donner vie à cet esprit de découverte, ce dynamisme et ce goût du dépassement qui m’habitent – et parvenir à faire œuvre utile plus que quiconque sur le marché.

Texte de : Sabine Ghali, propriétaire et directrice, Buttonwood Property Management à Toronto, en Ontario